Quand notre environnement devient
un agresseur du souffle !
Les maladies respiratoires sont au coeur des préoccupations du monde entier à travers la lutte livrée contre le virus respiratoire Sars-Cov-2 responsable de la Covid-19. À l’occasion de la journée mondiale de l’asthme, mardi 4 mai, il était important de rappeler les facteurs de risque de cette maladie respiratoire très fréquente, de s’interroger sur le rôle et l’impact de l’environnement sur la maladie, en particulier dans cette période où les patients peuvent se sentir fragilisés.
L’environnement est très souvent impliqué dans la survenue de maladies respiratoires chroniques. Ainsi, l’asthme résulte de l’association d’une prédisposition génétique et de facteurs environnementaux comme les allergènes, la pollution de l’air extérieur ou encore les virus respiratoires.
La pollution de l’air a récemment été déclarée responsable de la mort d’une fillette à Londres du fait d’une crise d’asthme très grave, précédée par des crises d’asthme à répétition et des hospitalisations très fréquentes pendant plus de 3 ans. La justice anglaise a reconnu le lien entre les deux en décembre 2020.
Et si la pollution de l’air pouvait également être responsable de transmission de virus respiratoires tels que la Covid-19 ?
Les résultats de la plupart des études1 sur le sujet suggèrent que l’exposition chronique à certains polluants atmosphériques (cf. page 9&10) conduit à des formes plus graves et mortelles de COVID-19 et retarde et/ou complique la guérison des patients atteints de cette maladie.
En effet, des études évoquent un lien entre la pollution et la Covid-19, la pollution étant un facteur d’inflammation qui favoriserait le développement de l’infection en altérant les défenses immunitaires.
De plus les particules fines (PM2.5), présentes dans l’air intérieur et extérieur, pourraient « véhiculer » les virus, et par conséquent, le Sars-Cov-2.
Une étude a évalué l’influence de la pollution atmosphérique sur la mortalité de Covid-19 dans différentes régions notamment en Chine, en Italie, aux USA et en Australie2. En Chine, l’incidence du Covid-19 s’est vue significativement renforcée par les PM2,5 tandis qu’une corrélation entre les PM2,5 et le taux de mortalité ont également été établis. En Italie, il a été constaté que les fortes concentrations de pollution […] en particulier dans la région de Lombardie, étaient associées à un taux de mortalité élevé.
En abaissant les niveaux de pollution atmosphérique, la probabilité de réduire la propagation des virus […] par aérosols pourrait aider à lutter contre d’éventuelles futures pandémies3
Il apparait qu’avec les différents confinements au niveau mondial, la pollution de l’air extérieur a diminué (des études sont en cours sur le sujet) et que le risque de transmission du virus par les particules fines est donc limité.
Mais cela est sans compter sur la pollution de l’air intérieur qui a, du fait des confinements successifs, augmenté. Les particules fines sont également présentes dans nos habitations notamment au travers de nos méthodes de chauffage (cheminées à foyer ouvert …).
Pour autant les patients asthmatiques sont-ils plus à risque de faire une forme grave de covid-19 ?
Il n’y a pas de sur-représentation4 de patients asthmatiques parmi les cas de Covid-19, et les patients asthmatiques admis pour COVID-19 ne feraient pas plus d’exacerbations d’asthme.
Les patients asthmatiques seraient plus sensibles à certains virus respiratoires comme ceux appartenant à la famille des Rhinovirus plutôt qu’à celle des Coronavirus.
En revanche, une étude réalisée au Royaume-Uni sur la base des données du NHS (National Health Service), qui prenait en compte près de 11 000 décès liés à la COVID-19, suggère que l’asthme sévère pourrait être associé à un risque accru de décès chez les patients COVID-19.
« Dans la lutte contre l’asthme et particulièrement en période de pandémie Covid-19, il reste bien sûr indispensable de continuer à observer rigoureusement son traitement de fond afin que l’asthme reste parfaitement contrôlé et privilégier l’utilisation d’une chambre d’inhalation plutôt qu’une nébulisation. Le respect des gestes barrières est essentiel. »
précise le Pr Bruno Housset, Président de la Fondation du souffle.
Pollution et pandémie, deux sujets encore et toujours plus d’actualité !
L’ASTHME, QU’EST-CE QUE C’EST ?
L’asthme est une maladie respiratoire chronique hétérogène due à une inflammation permanente des bronches. Il se manifeste par des crises, caractérisées par des épisodes de gêne respiratoire (essoufflement), de respiration sifflante, de toux sèche ou de sensation d’oppression dans la poitrine.
L’asthme allergique est la principale forme d’asthme chez l’enfant, qui touche 6 à 8% d’entre eux. Cela est moins fréquemment le cas chez l’adulte.
L’asthme allergique se manifeste, comme tout asthme, par des crises typiques :
- Difficulté à respirer (dyspnée)
- Respiration sifflante lorsque l’on expire
- Fréquence respiratoire augmentée
- Toux sèche et fatigante
Dans le cadre du diagnostic de l’asthme, l’une des premières choses à faire est la recherche d’une allergie aux acariens, à la poussière de maison, aux cafards, aux animaux domestiques ou encore aux pollens (graminées, arbres). Cela est confirmé par :
- Des questions ciblées
- Des tests cutanés
- Éventuellement, une prise de sang avec dosage d’anticorps
Les animaux domestiques
Les animaux de compagnies seraient au nombre de 60 millions en France et sont présents dans 1 foyer sur 2. L’allergie la plus fréquente est celle aux poils de chats. Les allergènes sont contenus :
- Principalement sur la peau, dans les poils et la salive
- Parfois dans les urines, larmes et squames (pellicules)
- Majoritairement dans les urines pour les rongeurs (lapin, souris, rat, hamster, cobaye…)
Les gestes à adopter
Ces allergènes sont présents dans toute la maison et également sur les vêtements. Sans garantie d’efficacité complète, pour limiter l’exposition, vous pouvez :
• Limiter les contacts en interdisant à l’animal certaines pièces de l’appartement ou de la maison comme la chambre ou le salon
• Laver régulièrement l’animal, une fois par semaine dans l’idéal
• Aller à l’extérieur pour le brosser
• Brosser ses habits le plus souvent possible avec une brosse autocollante par exemple
D’autres animaux, auxquels on pense moins souvent, peuvent être sources d’allergènes : les animaux de la ferme comme les vaches, chevaux, chèvre ou encore moutons. Même à l’air libre, certaines personnes peuvent y être très sensibles et les manifestations sont souvent très violentes.
Les pollens
Chaque année en France, 10% des enfants et 20% des adultes souffrent d’allergies aux pollens, avec des symptômes plus ou moins graves : rhinite, conjonctivite ou encore asthme. La fréquence des allergies respiratoires augmente avec le réchauffement climatique et pourrait atteindre 50% de la population en 2050.
Il existe un grand nombre de végétaux à pollens allergisants. En fonction des espèces, les périodes polliniques sont différentes :
- Cyprès, de février à avril
- Bouleau, en avril
- Graminées, d’avril à juillet
- Ambroisie, d’août à septembre
Les gestes à adopter
Lors des périodes polliniques fortes, il y a des gestes simples à mettre en place au quotidien :
• Se rincer les cheveux le soir.
• Aérer son domicile au moins 10 minutes par jour de préférence avant le lever et après le coucher du soleil.
• Limiter les activités extérieures qui entraînent une surexposition aux pollens, comme tondre le gazon ou entretenir le jardin. En cas de nécessité, il faut privilégier la fin de journée et le port de lunettes de protection et d’un masque.
• Éviter de faire sécher le linge à l’extérieur.
• Garder les vitres fermées en cas de déplacement en voiture ;
• Éviter d’accentuer les symptômes en ajoutant des facteurs aggravants comme le tabac, les produits d’entretiens ou bricolage, parfum d’intérieur…
Poussière et acariens
70% des asthmes allergiques sont associés à une allergie aux acariens. On parle souvent d’allergie à la poussière mais en réalité les allergènes sont produits par les acariens. Ils se nichent dans la poussière qui circule très facilement dans toute la maison. Ce ne sont pas les acariens eux-mêmes les responsables mais leurs dépouilles et leurs déjections.
On les retrouve dans tous les objets et matériaux textiles comme la literie (matelas, sommiers, oreillers, couettes et couvertures), les canapés, les rideaux, les peluches, les tapis… Les acariens prolifèrent également lorsqu’il y a une source d’humidité excessive, il est donc important de rechercher l’humidité dans son logement et de la corriger si possible.
Les gestes à adopter
L’idée générale est de limiter le plus possible les éléments textiles dans la maison :
• Privilégier les fauteuils et canapés en cuir, simili, plastique ou encore les matières synthétiques lavables (microfibre par exemple)
• Éviter les tissus au mur, les doubles rideaux difficiles à laver régulièrement, les moquettes épaisses
Dans la chambre, il faut être particulièrement attentif :
• Privilégier un sommier à lattes à un sommier tapissier.
• Équiper son lit de housse anti-acariens avec une fermetures à glissière et d’oreillers, couettes, traversins, édredon en matière synthétique lavable (tous les 4/6 mois à 60°).
• Limiter le nombre de peluches dans les chambres afin de pouvoir les laver régulièrement (tous les 4 mois environ à 60°).
Et vous, prenez-vous soin de votre santé respiratoire ?
Depuis le 15 juin, la Fondation du Souffle a mis en place le Soufflotest. Mais le Soufflotest, késako ? C’est un outil en ligne qui permet à chacun, en seulement 5 minutes, de faire le point sur son mode de vie et d’en évaluer les effets sur sa santé respiratoire. En fonction des réponses et des besoins, les internautes reçoivent régulièrement des conseils afin de mieux prendre soin de leur santé respiratoire. Cela permettra à certaines personnes de changer leurs habitudes et si besoin consulter son médecin traitant afin de prendre en charge une maladie respiratoire non diagnostiquée jusqu’alors. Par ce biais, la Fondation souhaite ainsi mieux accompagner les français et les sensibiliser aux maladies respiratoires.
Un module spécifique sur l’asthme sera en ligne tout le mois de mai 2021, alors rejoignez les plus de 40 000 personnes ayant déjà fait le test !
À propos
La Fondation du Souffle a pour objectif de lutter contre les maladies respiratoires et de favoriser le bien-être respiratoire pour tous. Elle a trois missions statutaires : financer la Recherche scientifique française en pneumologie, apporter un soutien financier aux malades respiratoires en situation de précarité et organiser des actions d’information et de prévention auprès du grand public.
Reconnue d’Utilité Publique, la Fondation du Souffle est entièrement privée. Elle agit grâce à la générosité de ses donateurs, particuliers ou entreprises.
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