Pour conserver une relation épanouie et surmonter ensemble, le cas échéant, les conséquences d’un accident cardio-vasculaire ou des traitements, il est essentiel de communiquer avec son partenaire sur ses difficultés. Voici 5 conseils clés pour une vie affective et une sexualité plus épanouie.
1.Préserver la tendresse
Mots doux et gentils, expression de ses sentiments amoureux, compliments sur le physique du partenaire ne sont pas des détails dans un couple. S’il faut surmonter sa pudeur pour s’y adonner, la tendresse, verbale ou physique, contribue à créer un climat harmonieux favorable, à entretenir l’élan et augmenter la sensation d’intimité.
2 . Réapprendre les caresses corporelles
Se toucher, se masser, se caresser… Ces préliminaires tactiles font pleinement partie de la relation sexuelle: ils aident à se sentir désiré(e) et procurent du plaisir aux deux partenaires, via la libération de substances cérébrales comme l’ocytocine, qui procure un état de détente physique et mentale.
3 . Réinvestir les préliminaires
On croit trop souvent qu’ils n’existent que pour procurer une excitation suffisante (chez l’homme comme chez la femme), pour permettre ou favoriser la pénétration. Mais leur mission ne se résume pas à cette étape de «préparation ». Ils sont donnés (et reçus) pour augmenter l’intimité, établir une communication sur le mode sensuel, procurer (et recevoir) du plaisir qui peut amener à un véritable orgasme . D’ailleurs, moins ils sont négligés et plus leur durée est longue, plus le taux de plaisir et de satisfaction sexuelle est élevé. La pénétration n’est jamais une obligation.
4.Booster l’intimité et la complicité
Avoir des activités communes, prendre plaisir à être ensemble, sortir, se frôler, avoir des gestes tendres, rire, se prendre par le bras ou le cou, discuter passionnément, se serrer l’un contre l’autre, se regarder, prendre un bain à deux…Tous ces petits riens du quotidien sont essentiels pour se sentir complices, mais aussi désiré(e) et désirable dans les yeux de l’autre. En développant l’intimité du couple, ils favorisent le rapprochement des cœurs et des corps.
5.Entretenir la communication
Angoisses, craintes, ratés sexuels, frustration… En couple, il faut en parler ! Ne pas oser aborder ce qui nous pèse, c’est courir le risque de se refermer sur soi-même, de souffrir seul et de sentir l’autre, peu à peu, s’éloigner. Pour se comprendre, il faut oser se livrer et impliquer son ou sa partenaire. Il est toujours plus facile d’affronter les difficultés et de résoudre les problèmes à deux, en gardant confiance et patience au lieu de s’isoler.
Quand les difficultés s’installent, on aurait tort de renoncer au plaisir, ou de penser trouver la solution tout(e) seul(e). Mieux vaut consulter…
Pourquoi consulter ? Et qui consulter ?
Les soucis d’ordre sexuel, qu’ils soient d’origine physiologique, médicamenteuse, ou associés à une chute de moral voire une dépression, peuvent s’installer durablement. En parler avec un spécialiste, c’est obtenir non seulement une écoute, mais également des conseils et des solutions personnalisées en fonction de votre vie et de votre état de santé.
Ils peuvent vous aider
Le médecin généraliste
Parce qu’il suit votre santé au fil du temps et connaît votre dossier, il est à vos côtés pour aborder le sujet de la sexualité, vous prescrire un traitement (contre les troubles érectiles pour l’homme et pour soulager les symptômes sexuels de la ménopause chez la femme) et vous orienter si besoin vers un spécialiste.
Le cardiologue
C’est le spécialiste de la santé cardio-vasculaire. Il est le mieux placé pour savoir quelles sont les conséquences de votre traitement cardio-vasculaire et sur votre vie sexuelle et modifier celui-ci si besoin. En cas de trouble érectile hors maladie cardiaque connue, il est aussi un interlocuteur de choix puisque la perte de l’érection étant un marqueur sentinelle de maladie cardio-vasculaire. Il va engager un bilan cardio-vasculaire et une recherche des facteurs de risque, avec surveillance et traitement si nécessaire. Enfin , il est à même de prescrire, selon votre état de santé et votre traitement, des médicaments pour restaurer l’érection, ou vous envoyer chez un spécialiste (gynécologue, andrologue, sexologue ).
Le gynécologue ou l’andrologue
Ces deux spécialistes de la vie génitale peuvent prescrire des médicaments si besoin, en liaison avec le cardiologue lors d’un parcours coordonné. Ils peuvent apporter écoute et conseils en cas de troubles sexuels mais également en cas de perte du désir.
Le médecin sexologue
C’est un interlocuteur de choix non seulement pour prescrire d’éventuels médicaments, mais avant tout pour établir un dialogue. Sa compréhension des mécanismes tant physiologiques que psychologiques et émotionnels liés à la sexualité est un atout si les troubles vous perturbent, s’ils se sont installés, ou s’ils ont impacté défavorablement votre relation de couple. Il est une aide pour verbaliser (surtout en cas de difficulté avec un médecin non spécialisé), et peut proposer une thérapie sexologique courte pour ré-apprivoiser sa sexualité avec son ou sa partenaire si le besoin s’en fait sentir .
Le pharmacien
Il peut vérifier que votre traitement n’est pas en cause dans votre trouble sexuel , vous rassurer et vous conseiller sur un dépistage de vos facteurs de risques en présence de troubles de l’érection. Avant la délivrance de certains traitements de l’érection, il vérifiera qu’il n’existe pas de contre-indication.
Préparer sa consultation
Prendre le temps : les troubles ou difficultés sexuelles ne doivent pas être abordés à la va-vite, en fin de consultation, au moment du départ. Ils nécessitent explications, écoute, discussion et cela exige du temps et de la disponibilité ! Mieux vaut donc prendre un rendez-vous dédié, pour lequel on peut tout à fait se faire accompagner de son (ou sa) partenaire si on le souhaite, car il (ou elle) est également concerné(e).
Être clair : il faut être explicite sur la nature de ses difficultés. Quels sont précisément les troubles (désir, érection, orgasme, motivation?). Depuis quand sont-ils présents ? Que provoquent-ils (perte de confiance, troubles relationnels dans le couple, déprime, frustration…)
Apporter son ordonnance : quand des médicaments sont prescrits, il est essentiel que le médecin le sache, qu’il s’agisse de traitements à visée cardio-vasculaire ou autre (anxiolytiques, anti- dépresseurs …).
Quels traitements pour aider à restaurer la sexualité ?
Le traitement masculin de référence
En cas de trouble érectile, le traitement le plus courant consiste en un inhibiteur de phosphodiestérase de type 5 (ou iPDE5), catégorie qui regroupe trois médicaments connus : le sildénafil (Viagra®), le tadalafil (Cialis®) et le vardénafil (Levitra®).Ces médicaments se prennent ponctuellement pour déclencher l’érection et agissent en augmentant l’afflux sanguin dans le pénis. Ce sont des facilitateurs de l’érection, qui nécessitent une stimulation pénienne. Par contre, ils n’agissent pas sur le désir sexuel. Ils sont bien tolérés chez le cardiaque et peuvent être prescrits dès 6 semaines après un infarctus, avec peu d’effets secondaires. Leur mode de fonctionnement est identique, mais leur dosage et leur durée d’efficacité varie. Ils améliorent l’observance aux traitements cardio-vasculaires.
Quelles contre-indications ?
En cas de traitement par dérivés nitrés ou apparentés (utilisés notamment en phase aiguë d’infarctus mais aussi en traitement de fond chez certains patients) il existe un risque majeur de chute tensionnelle sévère liée à l’association des traitements. Les iPDE5 sont donc interdits avec ces familles de médicaments cardio-vasculaires. Ils sont, de plus, autorisés seulement chez les patients dont l’état cardio-vasculaire est stable sous traitement.
Quel effet sur le cœur ?
La plupart des iPDE5 n’ont aucun effet nocif sur le systme cardio-vasculaire ! Au contraire, ils semblent même bénéfiques sur le plan hémodynamique, et sont parfois prescrits dans certaines maladies du cœur. Seul le vardenafil (Levitra®) est contre-indiqué dans certains troubles du rythme cardiaque. Il faut donc bien vérifier avec son cardiologue que la famille d’iPDE5 prescrite est bien adaptée à son cas particulier.
Les injections intra-caverneuses pour l’homme
Ce traitement local consiste à injecter localement dans les corps caverneux du pénis ( après une vraie éducation du patient) des prostaglandines qui vont induire l’érection. Il est efficace et peut être proposé aux patients sous anti-agrégants et/ou anticoagulants oraux. Il est efficace (dans 79 à 80% des cas) mais contraignant, d’où un nombre important d’abandons.
Le traitement de la femme ménopausée à risque cardio-vasculaire
On peut proposer des œstrogènes par voie locale (capsules ou gélules vaginales) : Trophigil® (à base d’estriol et de progestérone), Colpotrophine® (promestriene). Ces médicaments luttent contre la sécheresse et l’atrophie vaginales sources de douleurs. Ils font partie des traitements hormonaux de substitution de la ménopause et ne sont pas contre-indiqués chez la femme cardiaque ou vasculaire, ils sont par contre déconseillés en cas d’antécédent de cancer gynécologique. On trouve également des lubrifiants et hydratants intimes, sans hormones, qui apportent un réel confort quotidien et pour les relations sexuelles. La gestion du stress et la pratique d’une activité physique régulière seront particulièrement efficaces chez la femme pour redonner du désir et améliorer la sécheresse vaginale.
La rééducation cardio-vasculaire : une étape essentielle
Après un accident cardio-vasculaire, un passage dans un centre de rééducation cardiaque et vasculaire est proposé avant le retour au domicile. Celui-ci est très bénéfique, notamment pour contrôler les facteurs de risque, comprendre l’intérêt d’une meilleure hygiène de vie, et adopter de nouveaux bons réflexes comme la reprise progressive du sport (avec tests d’évaluation à l’effort). Une prise en charge psychologique et des réunions avec des spécialistes permettent aussi d’aborder les ressentis, craintes ou difficultés personnelles. Elles sont un moment privilégié pour aborder les questions importantes que l’on se poser sur le retour «à la vie normale» et la sexualité. Il est prouvé que cette étape thérapeutique clef après un accident cardio-vasculaire favorise la reprise d’une vie sexuelle active. Il importe de ne surtout pas la négliger.
Sources et Crédit textes : Fédération Française de Cardiologie